
Bien que la Russie ne figure pas parmi les pays ciblés par les tarifs américains annoncés la semaine dernière, elle pourrait ressentir les effets indirects d'un ralentissement économique mondial.
Officiellement, Moscou se tient à une position prudente, qualifiant de "tempête" la salve de tarifs dévoilés par le président américain Donald Trump.
"Dans une telle tempête, nous devons être très prudents afin de minimiser les conséquences négatives pour notre économie", indique Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence, rappelant que les relations commerciales et économiques entre la Russie et les États-Unis "sont pratiquement inexistantes", d'où l’absence de la Russie de la liste des pays concernés par les nouveaux tarifs douaniers.
Cependant, des analystes estiment que le pays pourrait ressentir les effets indirects d'un ralentissement économique mondial, notamment à travers une baisse de la demande en matières premières et en métaux.
D’autres voient dans les tarifs américains "une opportunité" de renforcer les échanges avec la Chine, qui pourrait rediriger une partie de ses exportations vers la Russie en raison des restrictions américaines.
La Russie pourrait "ressentir l'impact indirect des nouveaux tarifs douaniers si le ralentissement économique mondial entraîne une baisse de la demande en matières premières et en métaux", indique Alina Poptsova, analyste chez Alfa Capital Management Company, un groupe d'investissement privé en Russie.
La chute des prix des matières premières pèserait négativement sur les revenus d'exportation et affaiblirait le rouble, estime-t-elle.
Georgy Ostapkovitch, directeur de l’Institut d'études statistiques et d'économie de la connaissance relevant de l'École supérieure d'économie (HSE) de Moscou, n’exclut pas, lui, une diminution des prix du pétrole, du charbon et d'autres matières premières, conséquence de la crise engendrée par les tarifs douaniers américains sur les marchés aussi bien nationaux qu’internationaux.
Rappelant que les matières premières représentent environ 75% des exportations russes, l’expert souligne que "si les prix baissent, l’offre de devises étrangères diminuera également".
"Une guerre douanière est néfaste pour la Russie", ajoute-t-il, rappelant la chute des prix des matières premières qui avait conduit à une baisse de 7,9% du PIB russe dans le sillage de la crise financière de 2008.
Natalia Milchakova, analyste chez Freedom Finance Global, adopte une perspective plus optimiste, suggérant que la Russie pourrait tirer parti de la baisse des exportations chinoises vers les États-Unis en captant une partie des flux commerciaux réorientés vers son marché.
Toutefois, elle met en garde contre une hausse du coût des composants et des pièces détachées importées, un facteur susceptible de ralentir la réduction de l’inflation en Russie, qui a enregistré son taux le plus élevé depuis février 2023.
Les analystes soulignent que la Russie, qui fait face à d’autres défis géostratégiques, doit naviguer entre risques et opportunités dans le nouveau contexte créé par les droits de douane américains.
Si la baisse des prix des matières premières et l’inflation risquent de fragiliser l’économie russe, le renforcement des échanges avec des pays comme la Chine pourrait offrir à la Russie une porte de sortie.