
Des responsables onusiens ont mis en garde lundi contre le coût socio-économique de la prolifération des armes légères et de petit calibre dans plusieurs pays en conflit.
Lors d'une réunion conjointe à New York, Philémon Yang et Bob Rae, respectivement présidents de l’Assemblée générale de l’ONU et du Conseil économique et social (ECOSOC) ont souligné que la prolifération de ces armes ne se contente pas d’alimenter l’insécurité, mais elle sape aussi les fondements mêmes du progrès économique et social.
"Le trafic illicite et l’utilisation abusive de ces armes sont les principaux facteurs d’instabilité et de conflit dans le monde", a déclaré M. Yang, rappelant qu’environ 580.000 personnes ont été tuées de manière violente en 2021, dont la moitié par arme à feu. Des armes de poing aux fusils d’assaut, les armes légères sont impliquées dans près de la moitié des homicides, a-t-il dit.
Il a relevé qu’au-delà des pertes humaines, l’impact économique est vertigineux. En 2023, la violence liée aux armes légères a coûté 22,6 milliards de dollars à l’économie mondiale, un chiffre qui dépasse les fonds alloués à l’aide publique au développement pour l’éducation et rivalise avec ceux consacrés à la santé, a-t-il regretté.
“Imaginez l’impact de ces ressources si elles étaient utilisées pour atteindre les objectifs de développement social”, a insisté M. Yang.
De son côté, le président de l'ECOSOC a indiqué que certaines régions du monde subissent de plein fouet la prolifération incontrôlée des armes légères, citant le cas d'Haïti qui fait face à une crise politique et humanitaire à cause de la violence des gangs. “Les groupes armés dans ce pays ne se contentent pas de semer la terreur : ils paralysent toute tentative de développement”, a-t-il dit.
Pour endiguer la prolifération de ces armes, le responsable onusien a recommandé le renforcement des législations nationales, une coopération internationale accrue et une plus grande transparence dans le commerce des armes. “Il faut une approche intégrée et globale de la part de tous les acteurs”, a plaidé M. Rae.
Et de conclure que la maîtrise de la circulation des armes légères n’est pas seulement une question de paix, “c’est une condition essentielle pour bâtir un avenir où le développement durable ne soit plus un rêve inaccessible”.