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L'UNESCO cartographie 4.500 espèces grâce à l'ADN environnemental

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jeudi 12 décembre 2024
14:11
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L'UNESCO cartographie 4.500 espèces grâce à l'ADN environnemental
Medi1news - MAP
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Le programme pilote de l'UNESCO sur l'ADN environnemental (ADNe) a permis de cartographier 4.500 espèces marines dans 21 sites du patrimoine mondial à travers le monde, a annoncé l’organisation onusienne.

Ce programme qui "révolutionne" la façon d’observer et de surveiller l’évolution de la vie marine, fournit de nouvelles données clés et une méthode inédite pour renforcer la protection de l‘océan face au dérèglement climatique croissant, précise un communiqué de l’UNESCO.

"À l'heure où la dégradation de la biodiversité atteint un rythme alarmant, il offre de nouvelles opportunités pour mieux comprendre et sauvegarder les écosystèmes majeurs des 18.000 aires marines protégées à travers le monde", a indiqué la Directrice générale de l'UNESCO Audrey Azoulay, citée dans le communiqué.

Et d’ajouter que conformément à sa Recommandation sur la science ouverte, l'UNESCO "met cette technique en libre-accès et appelle ses États membres à soutenir la communauté scientifique pour une utilisation à grande échelle".

Le dérèglement climatique, dont le réchauffement des océans, contraint les espèces marines à s'éloigner de leur habitat naturel, ce qui nécessite de mieux comprendre et surveiller leur répartition, selon l'UNESCO qui a mis au point une nouvelle méthode standardisée d'échantillonnage de l'ADN environnemental pour cartographier la vie océanique.

Pendant trois ans, des scientifiques et experts marins ont prélevé 500 échantillons dans 21 sites protégés par l'UNESCO en vertu de la Convention du patrimoine mondial.

Ils ont mis en lumière la présence de près de 4.500 espèces marines, "un résultat impressionnant qui aurait auparavant nécessité de nombreuses années d'étude et coûté des millions de dollars", détaille le communiqué, précisant que près de la moitié des espèces identifiées sont des poissons, comprenant 86 espèces de requins et de raies, 30 espèces de mammifères et 3 espèces de tortues. Parmi ces espèces, 120 sont répertoriées comme vulnérables, en danger ou en danger critique d'extinction sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

L'étude a également déterminé que nombre de ces espèces seront bientôt confrontées à des températures qui dépassent leurs limites de tolérance connues.

"Si le scénario climatique le plus chaud venait à se réaliser, jusqu'à 100 % des espèces de poissons dans les sites tropicaux et subtropicaux étudiés risqueraient de dépasser leurs limites thermiques actuelles et de se trouver en voie de disparition, tandis que 10 à 50 % des espèces de poissons dans les océans tempérés dépasseraient leurs limites thermiques actuelles", prévient l’organisation onusienne.

Le programme ADNe de l'UNESCO est présenté comme "la toute première application standardisée d’échantillonnage d’ADN environnemental pour surveiller l'état des espèces marines dans les réservoirs de biodiversité mondiaux".

Avec un seul échantillon d'eau de 1,5 litre, cette technique peut révéler des traces génétiques d'environ 100 espèces marines en moyenne. Comparé aux autres technologies existantes, ce programme est "à la fois peu coûteux, non invasif et beaucoup plus rapide – ramenant les délais de collecte de données de plusieurs années à quelques mois seulement", précise-t-on de même source.

Les données de l'initiative eDNA ont été ajoutées au Système d'information sur la biodiversité océanique (OBIS) de l'UNESCO, une plateforme mondiale qui garantit que les informations sont en accès libre, comparables et interopérables pour les chercheurs et les décideurs du monde entier.

L'initiative de l'UNESCO se veut comme une étape essentielle vers l'atteinte de l'objectif « 30x30 » du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, qui consiste à protéger 30 % des zones terrestres, intérieures, côtières et marines du monde d'ici 2030.