Non loin de la Maison Blanche, dans la grande salle de la bibliothèque Martin Luther King, réaménagée en bureau de vote, une file s’est formée de quelques dizaines d’électeurs qui attendent patiemment depuis une bonne vingtaine de minutes pour s’acquitter de leur devoir dans des élections aussi serrées qu’imprévisibles qui polarisent la société américaine.
Une poignée d’employés, jeunes et moins jeunes, formés spécialement par le Conseil électoral du District of Columbia (DCBOE) s’affaire à fluidifier l’opération de vote, qui consiste à choisir le ou la 47e président(e) des États-Unis, et renouveler le tiers des membres des deux chambres du Congrès.
Bien que les électeurs soient enregistrés au préalable, la vérification de l’identité de chaqu'un et l’opération de vote elle-même ralentissent le flux des votants, et augmentent le temps d’attente. Quelques électeurs s’impatientent.
“Le renseignement du bulletin de vote ne m’a pris que 3 ou 4 minutes, mais j’ai dû attendre mon tour pour environ 45 minutes”, déclare à la MAP Sam Hamilton.
À travers la capitale fédérale, où près de 222.000 Américains ont déjà voté par anticipation, le DCBOE a aménagé 75 bureaux de vote, et formé près de 2000 personnes pour superviser l’opération de vote, a indiqué à la presse la directrice de communication du disctrict de la capitale, Sarah Winn Graham.
Le dépouillement des bulletins, a-t-elle fait savoir à un groupe de journalistes étrangers, commence juste après la fermeture à 20h00 locales des bureaux de vote. Les résultats définitifs ne sont officialisés par le DCBOE que le 2 décembre, a-t-elle expliqué.
À travers les Etats-Unis, des dizaines de millions se rendent ce mardi aux urnes pour décider qui de la candidate démocrate, Kamala Harris ou de l’ancien président républicain, Donald Trump sera le prochain locataire de la Maison Blanche.
L’immigration, l’emploi et les impôts sont parmi les sujets prioritaires qui déterminent le choix de la plupart des votants, mais également l’environnement, le droit à l’avortement et la politique étrangère.
“Le sujet décisif pour moi a été la politique étrangère”, a déclaré Sam, jeune universitaire de 24 ans, qui se dit, cependant, “sceptique” quant à la capacité des deux candidats de “prendre les bonnes décisions pour mettre fin aux guerres”.
Sa collègue, Sophia Ciokajlo, est plutôt influencée par le droit des femmes à l’avortement. “Le point déterminant pour moi c’est clairement l’avortement”, a-t-elle déclaré, tout en se disant, “un peu nerveuse de savoir qui va remporter cette élection présidentielle”.
Le droit à l’avortement s’est imposé en effet comme un sujet phare dans les campagnes électorales des deux candidats. Alors que Harris défend un droit quasi-inconditionnel de la femme à avorter, Trump argue en faveur d’une position plus dure, quoique édulcorée ces dernières semaines pour rallier le plus de votants.
La politique étrangère est également très présente dans ces élections, tenues dans un contexte international en ébullition, ce qui accule les candidats à des prises de position qui pourraient leur être préjudiciables.
Pour Mohammad Ranjbar, la trentaine, qui vote pour la première fois après sa naturalisation américain, le retrait des troupes américaines de l’Afghanistan, mais aussi les conflits armés en Europe et au Proche-Orient, sont autant de sujets déterminant dans le choix du prochain président.
Les promesses des deux candidats d’un avenir économiquement meilleur, avec plus d’emplois, moins d’impôts et des prix à la portée, Mohammad les prends avec des pincettes, n’y voyant que “de la pure propagande alimentée par la presse”.
Si les choix des électeurs de la capitale fédérale, bastion indéfectible des démocrates, sont en majorité prévisibles, l’image est plus nuancée ailleurs, surtout dans les Etats dits “Swing States”, où l’issue des élections se joue réellement.
Là, les chiffres sont plutôt mitigés, avec une balance qui penche, au gré des sondages, tantôt en faveur de Harris tantôt au faveur de son rival républicain, reflet d’une élection très serrée, dont les résultats finaux risquent de tarder.
Suite au vote populaire, l’opération de dépouillement devra commencer dans chaque Etats pour ensuite déterminer le nombre de grands électeurs dont sera accrédité chaque candidat.
Au total, ils sont 538 grands électeurs répartis sur les Etats, proportionnellement à la population de chacun. Si un prétendant remporte la majorité simple du vote populaire d’un Etat donné, il rafle l'ensemble des grands électeurs de celui-ci.
Pour être élu président, le candidat doit remporter au moins 270 grands électeurs, également appelés collèges électoraux.
À défaut d’une victoire écrasante permettant à l’un des candidats de s’adjuger le nombre requis en ce jour du scrutin, les résultats risquent de tarder entre deux et 29 jours après le jour du vote.
Outre le choix du prochain président, les Américains devront également élire, ce mardi, 435 membres de la Chambre des représentants et 34 sénateurs.
Dans sa configuration actuelle, le Congrès est partagé entre les Démocrates, d’une part, qui contrôlent le Sénat, chambre haute, avec 51 sièges sur 100, et de l’autre, les Républicains, qui gardent la main sur la chambre des Représentants, avec 220 sièges, contre 212 pour leurs rivaux démocrates.
Selon les sondages, cette situation pourrait très bien connaître un renversement “historique”, avec l’accession des Républicains à la majorité au Sénat, contre une probable défaite à la chambre des Représentants. Ce sera la première fois qu’un tel retournement se produit.