L’Unicef France a alerté, lundi dans un nouveau rapport, sur la situation "alarmante" des droits de l’enfant dans les territoires d’Outre-mer français.
Ce rapport, intitulé "grandir dans les Outre-mer : état des lieux des droits de l’enfant", fait le constat d’un écart "frappant" et de "problématiques exacerbées" entre le territoire hexagonal et les Collectivités Territoriales d’Outre-mer (CTOM), où plus d’un million d’enfants et de jeunes grandissent dans des conditions de vie souvent "difficiles".
"Alors qu’elles rassemblent seulement 3% de la population nationale, les CTOM abritent 24% des personnes concernées par une situation de grande pauvreté. A La Réunion, près de la moitié des enfants sont pauvres (46%). Ce chiffre s’élève à 6 enfants sur 10 en Guyane et 8 sur 10 à Mayotte, tandis qu’il s’élève à 2 sur 10 dans l’Hexagone", précise l'Unicef France.
L'organisation souligne aussi que cette pauvreté infantile entraîne des "conséquences désastreuses" sur les conditions de vie et le bien-être des enfants, notamment en termes de suivi de santé, de réussite scolaire ou d’accès à des services de protection.
Conjuguée à un éloignement ou à des difficultés d’accès aux biens et services essentiels, cette situation nuit "gravement" à l’effectivité des droits de l’enfant, constate le rapport.
Ainsi, "les situations de mal-logement, marqueurs de pauvreté, sont particulièrement révélatrices : on dénombre 30.000 logements indignes en Guadeloupe, 10.000 en Polynésie française, près de 25.000 en Nouvelle-Calédonie, et près de 50.000 à La Réunion et à Mayotte pour un total de 600.000 personnes (soit 3 habitants sur 10) mal-logées dans les collectivités territoriales d’Outre-mer", précise-t-on.
Et d'alerter que les conséquences de cette pauvreté endémique sur la santé infantile s’entremêlent à des facteurs environnementaux aggravants - tels que la crise de l’eau qui sévit dans plusieurs territoires particulièrement vulnérables aux effets du changement climatiques - et s’ajoutent à un système de santé défaillant et un taux de non-recours aux soins conséquent.
Les répercussions sur la santé physique et mentale des enfants sont particulièrement inquiétantes : le taux de mortalité infantile est nettement supérieur dans les CTOM, atteignant par exemple 8,9% à Mayotte alors qu’il se situe à 3,7% dans l’Hexagone, souligne-t-on encore.
L’Unicef France constate également que de nombreux enfants "invisibles" aux yeux des statistiques ne sont pas scolarisés, notamment en raison de freins administratifs, de pratiques discriminatoires, d’un éloignement géographique avec les établissements scolaires, ou d’une prise en charge inadéquate du plurilinguisme des élèves.